Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le clonage
Le clonage
Publicité
3 décembre 2008

Du côté de la science.

ADN3

1. Une réalité scientifique

De nos jours, différentes techniques ont déjà permis de cloner de nombreux animaux, et particulièrement celle du transfert de noyau d’une cellule d’un individu adulte. Le clonage animal est principalement utilisé sur le bétail afin de "reproduire" des animaux aux capacités exceptionnelles (viande et lait de qualité, en grande quantité, etc.), destinés au commerce. À ce propos, des tests ont prouvé qu’il ne s’avérait pas dangereux de manger du bétail cloné. Les États-Unis quant à eux, ont récemment autorisé la commercialisation d’animaux clonés destinés à l’alimentation, tout comme l’Union Européenne, bien que cela semble lui poser des problèmes supplémentaires.

1952
Transfert du noyau d'une cellule embryonnaire de batracien, dans un ovocyte, sans développement de l'embryon
1984
Clonage d'un mouton par scission d'embryon
1994
Naissance de 4 veaux obtenus par transfert de noyau de cellules d'embryons
1996
Naissance de Dolly, premier mammifère obtenu par transfert de noyau d'une cellule adulte (somatique)
1997
Naissance de Polly, première brebis clonée et transgénique
1998
Naissance de Marguerite, première vache française obtenue par transfert de noyau d'une cellule musculaire de fœtus
2001
Naissances des 5 premiers cochons transgéniques clonés
2002
Naissance de CC (Copy Cat), premier chat cloné
2002
Naissance des 4 premiers lapins clonés en France
2002
Annonce de la naissance du premier bébé humain supposé cloné par la secte des raëliens

Historique des animaux clonés

2. Une technique mal maîtrisée

Le clonage est donc scientifiquement possible, il demeure  néanmoins une technique aléatoire au taux de réussite très faible, en particulier chez l’animal. En effet, chaque réussite compte derrière elle un bon nombre de tentatives infructueuses. Par clonage, on obtient rarement plus de 1% de naissances vivantes, très souvent associées à diverses anomalies génétiques, physiologiques et psychiques. Étudions les causes de ces échecs.

Tout d'abord, les manipulations sont laborieuses. En effet, il s'agit de retirer le noyau de l'ovule en prenant soin de ne pas le détériorer. C'est une étape délicate compte tenu du diamètre de l'ovule, à savoir environ 0,2 millimètres chez l'Homme (voir ci-dessous). Le moindre geste brusque peut faire échouer l'opération. De plus, l'approvisionnement en ovules pose problème car ils doivent être en grand nombre pour les expériences. Dans le cas de Dolly, il en a fallu  pas moins de 1000 pour que la brebis voie le jour. Mais il n'est question ici que de facteurs humains ou matériels qui n'expliquent pas totalement les nombreux insuccès.

ovule

Même lorsque le clonage aboutit à une naissance, des pathologies inexpliquées rendent la survie de la créature clonée particulièrement incertaine. Les scientifiques pensent que ces échecs résultent d'une mauvaise réinitialisation des programmes génétiques dans le noyau transféré.
À l'heure d'aujourd'hui, l'un des principaux obstacles qui s'oppose au clonage reproductif est le "Large Offstring Syndrome" ou maladie du gros veau (voir ci-dessous). Ce syndrome apparaitrait suite à une teneur trop importante en hormones de croissances dans la culture in vitro de l'embryon (après le choc électrique). Il se caractérise avant la naissance par une anomalie dans le développement placentaire : certains organes du fœtus grossissent trop vite et le squelette de ce dernier est déformé. De plus, on observe une gestation prolongée de la mère qui a pour effet un grossissement plus long que la normale du veau. À sa naissance, ce veau aura une masse supérieure d'environ 30 % à celle d'un veau nouveau-né normal (60 kilos contre 40 à 45). Certains de ses organes seront atrophiés, son squelette sera déformé, il souffrira d'hypertension, aura des problèmes cardio-vaculaires et son système immunitaire ne sera pas efficace contre les infections. Ce syndrome du gros veau est responsable de 33 % des morts post-natales chez les bovins clonés. Lorsqu'il ne meurt pas à la naissance, l'animal souffre d'anémie (maladie due à un manque d'hémoglobine) ou meurt suite à des troubles cardiaques ou pulmonaires.

GrosVeau

Plus récemment, des chercheurs américains ont publié une étude montrant que les souris clonées souffrent d'obésité mais que ces caractères ne se transmettaient pas à leurs descendants. Une équipe japonaise rapportait à la même époque une espérance de vie moins importante des souris clonées…
La principale difficulté du clonage thérapeutique est de faire se différencier les cellules dans la bonne voie pour le remplacement. En effet, bien qu'il puisse se faire à partir de n'importe quelle cellule de l'Homme, certaines cellules peuvent rester embryonnaires et ne pas se différencier : le greffage est alors grave. En outre, une cellule souche est tumorigène est peut provoquer un cancer. Au cours d'une différenciation cellulaire in vitro, on ne trouve pas 100 % de cellules nerveuses ni 100 % de cellules musculaires. On a toujours une population hétérogène. Il faut donc une technologie pour trier et isoler les cellules afin d'obtenir des cultures pures.

Comme on peut le constater, de nombreux inconvénients techniques s'opposent à l'application du clonage thérapeutique et reproductif sur l'Homme.

Le cas de Dolly

La brebis Dolly (5 juillet 1996- 14 fevrier 2003) est célèbre pour avoir été le premier mammifère cloné de l'histoire à partir d'un noyau de cellule somatique adulte. Les échecs ont été nombreux avant la réussite de son clonage. 277 œufs furent crées, qui donnèrent naissance à 29 embryons. Un seul d'entre eux pût se développer jusqu'à l'âge adulte. Mais cette réussite n'est pas absolue. En effet, même si la brebis semblait tout à fait normale à sa naissance, les scientifiques se rendirent compte par la suite qu'elle vieillissait rapidement. Alors que l'espérance de vie d'une brebis varie entre 11 et 12 ans, à presque 6 ans Dolly présentait des signes de vieillesse prématurée. Elle souffrait d'arthrose et d'infections pulmonaires. Selon certains chercheurs, les cellules des animaux clonés seraient précocement vieillies. Ainsi, Dolly aurait hérité de la brebis donneuse de cellules déjà âgées.
La régénération d'un être vivant s'effectue grâce à la division cellulaire perpétuelle, les "vieilles cellules" sont constamment remplacées par de nouvelles. Mais l'extrémité des chromosomes (appelée télomères) est raccourcie à chaque division cellulaire. Plusieurs scientifiques pensent que les télomères fonctionneraient comme une espèce d' "horloge biologique". L'individu cloné hériterait donc de l' "horloge biologique" du donneur qui a déjà bien tournée. Par conséquent, les cellules d'un nouveau-né cloné ont le même âge que celles du donneur. Ainsi, le vieillissement prématuré de Dolly serait du au fait que les télomères de la brebis donneuse étaient déjà raccourcis : Dolly possédait donc un patrimoine génétique vieux de 6 ans. D'autres interprétations indiquent que l'arthrite de Dolly pourrait être due à son mode de vie trop protégée en laboratoire. Dolly a finalement été euthanasiée en février 2003 suite à ses problèmes d'arthrite précoce et des difficultés respiratoires.

Cependant, la télomérase est une enzyme capable de rallonger les télomères, et la maîtrise scientifique de cette enzyme pourrait donc permettre d'empêcher le vieillissement prématuré des clones. Finalement, l'échec à long terme du clonage de Dolly pourrait peut-être trouver des solutions.

dolly061207

Photographie de la brebis Dolly

3. Le clone n’est pas un double

Lorsque l'on parle du clonage, on s'attend à avoir deux êtres strictement identiques. Le clone possède le même patrimoine que celui de son "père" cellulaire, il n'en est pourtant pas la copie à l'identique, car les gènes ne contrôlent pas tout ! Ce n'est pas réellement un problème mais le fait que les clones ne soient pas totalement semblables montre que le clonage ne permet pas de reproduire un animal à l'identique.

Ainsi CopyCat, la petite chatte clonée par l'équipe de Mark Westhusin à l'Université A&M de College Station, au Texas, ne porte pas, sur sa fourrure, les mêmes tâches que sa « mère », la chatte dont elle a été clonée. Cette différence peut s'expliquer par l'alimentation de la mère porteuse; malgré tout, la surface totale de tâches est la même pour le clone et le cloné.

Du point de vue psychologique, cela est encore plus évident : pour être identique à son père génétique, un clone ne devrait pas seulement avoir le même patrimoine génétique, il devrait aussi avoir le même mode de vie : éducation, rencontre, réussites et échecs, souvenirs, amours et phobies,  tout cela participe à la constitution d'un être.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité